Yes, il y a des raisons d'être inquiet Blueberry. En même temps, on commence à sentir dans l'air une vague odeur de rebellion il me semble.
En fait, le système médiatique français, comme pour les yahourts, les avions, ou les gâteaux au chocolat, travaille sous l'oeil avide de grandes sociétés dont le but est de faire de l'argent (et c'est normal, c'est dans la définition de Sarl ou SA).
Théoriquement, un contenu culturel devrait être défini par des journalistes spécialisés, connaisseurs et cultivés, puis validé par une rédaction qui aurait confiance en eux. Mais finalement, que voit-on à la télé ? Pagny, Obispo, Lavoine, et les nouvelles starlettes dont on ne sait plus le nom tellement il y en a. Tout le temps ! Voire en même temps sur 2 chaines différentes !!
On dirait qu'il n'ya qu'eux qui sortent des disques en France !!
En gros, on joue sur l'équilibre plaisir du public / vente d'espace publicitaire. Et ça marche très bien depuis des années.
Je me souviens d'une interview de Brel sur l'arrivée des "yéyés"; il disait "Pas de textes, des tenues grotesques, pas de voix, je trouve ça plutôt inquiétant". et Brassens répondait "Si les jeunes aiment ça, c'est que ça doit être bien quelque part."
Ils pourraient dire la même chose aujourd'hui.
Le problème, c'est que les jeunes sont en train de changer je crois. Probablement parce qu'il y au Internet. Ils farfouillent, écoutent, sortent, discutent et résultat : une nouvelle scène indé a pu naitre.
Ca c'est rassurant. Et je suis convaincu que c'est le puiblic qui fabrique le futur durable et pas les boites de com' des majors qui ne font que du mouchoir jetable.
Tu vois, on ne verra pas Amélie chez Drucker c'est sûr, mais sur le terrain, les salles sont pleines depuis 2 ans !
Pourquoi ? parce que les programmateurs prennent des risques et parce que les médias locaux les suivent (radios, quotidiens, décrochages régionaux, ...). Ajoute le boulot du distributeurs avec les magasins partout en France et voilà !
ca veut dire que la scène indé vit dans un univers parallèle (au show-biz) qui fonctionne. Evidemment c'est moins visible, mais le public est assez malin pour chercher et trouver.
Je pense que ceci peut expliquer les baisse de ventes de CD des majors et l'augmentation des ventes de CD des indés.
On me demande parfois "comment vous faites pour qu'Amélie, ça marche aussi bien ?". Je n'ai qu'une réponse : "On fait rien, c'est Amélie qui fait. Elle fait des chansons." Notre travail derrière n'est que de s'assurer que son image est respectée et qu'il n'y a pas d'embuche sur son chemin.
Ca n'a donc rien à voir avec la mode ou les ventes d'espace publicitaire.
Quand on aime un artiste, on a envie qu'il soit connu par tous, alors c'est agaçant de voir qu'il n'est pas à la télé ou dans les grands magazines.
mais finalement, tant qu'il est là, est-ce que ce n'est pas l'essentiel ?
Et puis, si le public est là et que les disques se vendent, on finit par l'inviter. Regardez Camille. Finalement en suivant son idée artistique, complètement hors mode, elle a conquis tout le monde. (d'accord elle est chez une major, tant pis). Même Carla bruni, à l'époque aucune major n'aurait signé ça (un mannequin à la guitare ? Vous plaisantez ?). résultat : signé chez Naive et 1 million d'albums.
Donc c'est inquiétant comme tu dis, mais il y a du mouvement dans l'arrière garde. d'ailleurs, on commence à voir des majors récupérer des groupes indés qui marchent sur le terrain.
mais on voit aussi des artistes majors qui cassent leur contrat et deviennent indé !
Bref, on n'a pas fini de voir Obispo dans taratata, mais on n'a pas fini non plus de voir Amélie sur scène.
C'est vous qui avez tout ça dans les mains les gars (et les filles !). tant que vous ne vous laisserez pas berner, vous resterez l'ingrédient X de cette société, l'élément incontrolable et impossible à anticiper.
Et ça, ça nous en promet de bien belles !
Bruno
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